Rescue Dawn - Werner Herzog

Publié le par benjamin

 

 

 

Rescue Dawn - Werner Herzog

 

1965 au Laos. Dieter Dengler, soldat américain, est envoyé en mission secrète avec quatre autres pilotes pour bombarer des postes frontaliers tenus par les Viet-congs. Il est excité : dans la troupe règne une ambiance de camaraderie franche et virile qui ne laisse aucun doute sur le succès qui les attend.

Il est abattu en plein vol dès les première minutes : il survit mais se fait vite capturer.

Il passe alors d'un camp à un autre, où il subit diverses tortures et interrogatoires; le moment vient où l'occasion lui est donnée de s'en tirer, à condition de signer une déclaration qui le dissocie de la politique américaine et la condamne, de s'en tirer. Bien que détaché de tout objectif politique, un fond de patriotisme un peu vague le fait refuser. Dieter ne s'inclut pas dans le conflit : il s'est engagé pour être pilote, c'était son rêve, le reste ne l'intéresse pas. Sur son visage demeure en permanence cette assurance du colon qui dit "je ne fais que mon travail, je n'ai rien contre vous"

 

Il est alors envoyé dans un camp où croupissent déjà six ou sept prisonniers.

Aucune vélléité de lutte n'anime ce petit groupe : deux américains résignés, trois ou quatre vietnamiens anciens pilotes de ligne civile ou juste pas assez pro-vietcongs, semblent croire qu'on va les libérer un jour. Cette idée est portée par Eugene, détenu depuis deux ans, qui fonde tous ses espoirs sur l'éclatement officiel de la guerre : la pression diplomatique et de l'opinion serait leur meilleure chance de libération. D'ici là, Eugene prône la non-action et l'effacement.

 

Dieter refuse de rester passif, et milite pour monter un plan d'évasion. Il oeuvre tant qu'il peut pour comprendre le fonctionnement de leurs geôliers et convaincre ses compagnons. Un jour vient où ils comprennent qu'un transfert va servir d'occasion pour les tuer : c'est demain. Dieter a prévu un rôle pour chacun, mais seul Duane, énurétique notoire, est fidèle : ils fuient donc tous les deux après une pétarade assez costaude.

Mais la jungle qui entoure le camp est hostile, et ils dérivent lentement, s'affaiblissant de jour en jour. Au bout de l'épuisement et du découragement, ils rencontrent un groupe de vilageois effrayés qui tranchent la tête à Duane avant de s'enfuir.

Dieter sera, lui, sauvé par une patrouille en hélicoptère.

Recueilli par la CIA pour interrogatoire, il est "sauvé" de leurs questions par ses potes d'avion du début, et revient à la case départ où l'attend un accueil excessivement américain : parade, discours, "welcome back" et portage en triomphe par tous ses amis.

 

Dieter est porté par un instinct de survie assez désincarné, loin de tout héroïsme extérieur à lui et son copain de galère. Il ne croit en rien de plus que l'envie de vivre, l'Amérique n'est qu'une terre d'accueil pour lui (il est à moitié allemand), les vietnamiens ne sont que les témoins involontaires de son jeu, d'ailleurs le conflit ne l'intéresse pas, pas plus que la question de sa légitimité ou de son impact sur la région où il intervient. Dieter est un grand gamin qui veut piloter des avions, qu'on punit dans sa chambre sans manger de dessert, et qui trouve ça injuste.

Un happy ending un peu incongru le replace dans l'Histoire, avec l'emphase et les grandes exaltations qui vont avec - et souligne par l'inverse les qualités du film : Rescue Dawn est un lent parcours, sec, absurde et très humain; qui m'envoie vers d'autres Werner Herzog avec curiosité.

Publié dans Films

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