La Rose Pourpre du Caire - Woody Allen

Publié le par benjamin

 

New Jersey, années 30, la crise, Cecilia s'ennuie et a besoin de rêve. Elle se tue au boulot, et son mari la délaisse.

Cette vie morose est chamboulée par la vision d'un film à l'eau de rose : "La Rose Pourpre du Caire". Elle soupire de plaisir devant un aventurier-egyptologue du nom de Tom Baxter, invité à New York  par de nouveaux amis riches, et qui s'émerveille du confort avant de y rencontre l'amour. Elle se plaît tant dans ce film qu'elle y retourne plusieurs fois, et chaque fois le plaisir se renouvelle, ainsi que l'admiration pour le beau Tom. A la cinquième vision, Tom s'arrête en plein milieu d'une réplique et sort de l'écran pour la suivre.

Heureusement que c'est un film de woody allen : ce qui pourrait ressembler à l'idée la plus kitch du monde est en fait traitée avec malice et intellligence. Tom est un héros de cinema avec tout ce que ça induit : tout commence et s'arrête aux aspirations de son personnage. C'est un romantique évaporé et creux, il souhaite sincèrement vouloir vivre d'amour et d'eau fraîche, a les poches emplies de faux billets de banque de cinema, et ne connait pas son père : il est mort avant le début du film. Cecilia, d'abord éblouie par ses discours pleins d'absolu, doute un peu.

Là où ça se corse, c'est que les autres personnages de "La Rose Pourpre du Caire"" se sont arrêtés de jouer quand Tom a quitté l'écran. Ils organisent une réunion pour savoir quoi faire : le film ne peut continuer sans Tom. Ils sont outragés que lui, ce second rôle, puisse être un frein à leur histoire à tous. Le projecteur ne pouvant être éteint (Tom ne pourrait plus reprendre sa place), des spectateurs décident de suivre ce spectacle hors du commun; la presse s'éprend de l'histoire, le producteur du film lui-même est appellé à la rescousse. Que se passerait-il si Tom Baxter décidait de sortir de l'écran à d'autres endroits que dans cette salle du New Jersey? C'est lui, le producteur, qui en serait responsable s'il était coupable de quoi que soit ! Le comédien qui jouait Tom Baxter, poussé par son agent, se pose la question : ce personnage, lui sans être lui, ne peut-i pas nuire à sa carrière en restant en liberté?

Les questions posées sont intéressantes, autour de ce qu'est un personnage, sa nature incomplète, l'acteur forcément plus entier et empli que son personnage; la logique dans l'absurde est poussée assez loin - la responsabilité pénale d'un personnage de cinéma, les égos des personnages entre eux, leur conscience du moment de leurs apparitions ("mais, tu n'apparais qu'à la sixième bobine normallement?")...

Un film frais, faussement simple, bien écrit et malin - avec ce qu'il faut de cynisme pour bien se boucler.

Publié dans Films

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